Il existe des êtres humains sur cette terre que l’on aurait aimé rencontrer pour parler un peu, échanger des idées et des rires, dérober des instantanés de vie. Parce que dans son for intérieur, on pressentait que même si les chemins parcourus se dévoilaient différents, la sensibilité était commune, à fleur de peau.

On pensait, on a le temps ou le hasard nous offrira ce rendez-vous. Thomas Regnier, critique littéraire au Nouvel Observateur était un de ceux-là.

Nos regards ne se sont pas croisés, nos bouches n’ont émis aucun son, mais les romans ont été notre fil invisible d’échange, lui, en les lisant moi, en découvrant ses critiques, toujours délicates et intelligentes.

Il s’est défenestré d’un étage pourri inflexible, ce mois d’Août. Il avait trente-quatre ans. L’âge du possible. Il a choisi de voler loin de ses propres fêlures. Il est enterré au cimetière du Montparnasse. Regrets et paix à son âme.