Mater Dolorosa illustration: BAUR

Je les ai laissés faire. Disposer les meubles et les objets à leur convenance. Ranger mes affaires dans l'ordre qui leur convenait. Décorer à leur guise. J'ai juste restructuré la chambre car après tout c'est l'endroit où je dors et où je passe la majeure partie de mon temps. C'était une manière également de leur prouver un semblant de participation à ce cataclysme, car quel nom donner à un acte que vous accomplissez contre votre volonté. Moi, je ne voulais pas déménager. Ils m'ont forcée pour que nous soyons plus proches les uns des autres, pour que la famille soit de nouveau réunie. Mes petits-enfants pouvant me visiter plus facilement.

A vrai dire, les réunions dominicales autour des plats traditionnels dont j'ai le secret me sortent par les trous de nez et les mômes me fatiguent. Je ne supporte plus leurs cris, leurs rires de souris et leurs bagarres incessantes. J'en ai déjà élevé six. Je soulignerai, toute seule. Ce n'est certainement pas mon fainéant et alcoolique de mari qui m'était d'une grande utilité. Paix à son âme. Il est plongé dans l'éternité depuis plus de vingt ans. Bon débarras. Je l'ai enterré avec ses bouteilles. Vides...

Read next