Marie Trintignant, n’aura pas l’occasion de sortir un double album en public assorti d’un double DVD comme l’annonce le groupe Noir désir, actuellement en promotion pour sa propre musique. Car Marie Trintignant est morte et enterrée, bouffée par les vers, privée irréversiblement de parole. Elle a été tuée par les coups de son compagnon, le chanteur Bertrand Cantat, en juillet 2003. Ce dernier purgeant actuellement sa peine derrière les barreaux pour une durée de huit années.

Un petit feu intérieur, a tenté de me faire croire à une histoire d’amour passionnelle ayant mal tournée. Un Roméo et Juliette trash, version contemporaine. Si Bertrand Cantat s’était suicidé pour suivre les traces de sa belle... peut-être... la compréhension d’une cohérence, aurait percuté mon occiput.

On va me rétorquer que le meurtre n’était pas prémédité, que ce fut un accident. Désolée, cette antienne, soluble dans le sang, ne me convainc pas.

Un type qui tape sur une femme, est un sale type. Point barre. Il doit se faire soigner d’urgence avant la zone de non retour. Sachant qu’en France au moins 2.000.000 de femmes sont victimes de violences conjugales et que 400 crèvent sous la barbarie de leur conjoint chaque année -soit plus d’une femme par jour- les coups sont donc des armes utilisées en toute connaissance de cause.

La voix de Marie n’est plus.

Je rédige cet article, la rage au ventre. Parce-que Noir Désir était un groupe que j’aimais, que j’écoutais et que je n’ai plus envie d’entendre. Pour préciser ma pensée, je n’ai pas la volonté de me procurer ce que l’on veut me proposer. Car il y a un avant et un après.

Les majors n’existant que pour faire de la thune, elles ont trouvé un nouveau filon : le fait divers. J’entends leurs arguments. Ils sont laids et cyniques.

Le guitariste Serge Teyssot-Gay, le batteur Denis Barthe et le bassiste Jean-Paul Roy, musiciens du groupe Noir Désir, mutilés provisoirement de leur chanteur, sont propulsés actuellement dans la presse officielle. Ils nous expliquent que : bien sûr, s’il y a un futur à Noir Désir, il n’existera pas avant qu’on se soit retrouvés autour d’une table tous les quatre, avec Bertrand et sans les murs autour...

J’imagine que le chemin intime de Bertrand Cantat n’est pas facile. Je n’aimerais pas être à sa place. Mais la décence serait qu’il ne chante plus.

Comme Marie.

Dans cet absolu, résiderait la preuve d’Amour.

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