Jean-Pôl & la môme caoutchouc un roman de Franca Maï Cherche-Midi (2003) Pocket nouvelle voix (Août 2005)

Un jeune homme, encore innocent plongé dans la violence, une mère perdue corps et âme, les rizières d’un continent condamné à la sale guerre et, au fond d’une cave sans lumière, une jeune indochinoise qui subit dans sa chair toutes les lâchetés d’une soldatesque enivrée. Il ne faut surtout pas se fier aux apparences. Ce très court roman à plusieurs voix ne sacrifie pas à la mode des récits crus et du langage obscène. Au-delà du décor tragique et oublié de la guerre d’indochine, Franca Maï libère ses personnages de leur baîllon et les situe dans l’éternel huis clos où s’enferme l’humanité aux abois, promise à toutes les lâchetés et, parfois, à toutes les rédemptions. Une petite centaine de pages terribles et étrangement poétiques qui, après lecture, laissent le goût amer des hontes ordinaires.

Gilles Heuré Télérama (2003)

Indochine, drôle de guerre. Retiré enfant à sa mère -une prostituée vietnamienne- élevé par une vieille paysanne française ne faisant guère de sentiments, envoyé par l’instituteur du village sur le 17ème parallèle « pour une promenade (sic !) amarré à ses vraies racines », Jean-Pôl attend. La mort, l’ennemi, la délivrance, on ne sait. Sa vie, jusque-là fut celle d’un mal-aimé. Plongé jusqu’à la tête dans une rizière trop calme pour être honnête, il s’interroge sur sa véritable identité. D’autres l’ont fait à sa place avant lui : ses mères naturelle et adoptive, son chef de section, l’ébéniste de son village... Résultat : une narration aux faux airs de maëlstrom. Un puzzle dont les pièces une fois réunies formeront un tableau aux couleurs sombres. Franca Maï farfouille sans jubilation, avec un souci clinique, dans les tripes de ses personnages. Elle en ressort des horreurs et quelques jolies choses : du cœur et des sentiments. Sa petite histoire croise la grande, qui suinte pareillement de sang, de sueur et de larmes. Cela donne un livre au ton nerveux, sec comme un coup de crosse de MAT 49 derrière la tête.

Jean-Christophe Buisson Le Figaro Magazine (2003)

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