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Franca Mai la singuliere
Speedy Mata en sélection officielle au Festival de Tours 2005 : De l’encre à l’écran

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“Tu vois, ma mère, il ne faut pas la toucher, il ne faut pas lui faire du mal. Je l’aime d’un amour à l’infini collé. Elle est belle, pas comme ces beautés dans les magazines, non... elle, elle est bien vivante avec de jolies rides et une peau qui froisse lorsqu’elle rit à la lune. Elle possède le port d’une reine et se saigne les veines pour que je réussisse dans la vie. Elle ne veut pas que je travaille en usine comme elle, que j’use ma chair à élever des nains de jardin avec un pavillon à crédit qui te poursuit même dans la tombe.
Je t’avais prévenu et tu n’as pas voulu écouter. Tu n’as pas su entendre dans le noir. Les borborygmes de ma jeunesse.
Dommage. J’ai seize ans et l’intention de faire bouger la donne. Les lucioles, cette fois-ci, c’est sur mon mur qu’elles vont s’épingler. C’est une promesse. Je tiens toujours mes promesses.”

Une brutalité blessée, un humour noir décapant et des phrases ciselées à la lame de rasoir, telle est la marque de Franca Maï dont la voix est proche du blues.

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Speedy Mata
un roman de Franca Maï
Cherche-Midi Editeur ISBN n° 2 74910 335 5
112 pages 14 x 21
10 € ttc France (2005)

PASSAGES l’émission de Daniel Schick

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L’émission PASSAGES
Animée par Daniel Schick

Condensé de confidences et d’émotions avec « Passages », la rencontre animée par Daniel Schick, journaliste et présentateur de l’émission Arrêt spectacles sur France 3. Huits écrivains et acteurs se sont succédés toutes les dix minutes pour parler d’un film ou d’un livre qui les a marqués.

(Extrait)

Maria de Medeiros a parlé de L’année de la mort de Ricardo Reis de José Saramago, biographie de Fernando Pessoa, poète portugais introverti qui cacha sa verve sous des pseudos auxquels il inventa une vie et une personnalité qu’il n’avait pas, Ricardo Reis étant l’un d’eux. Elle qui est née au Portugal sous Salazar et a grandi en Autriche, a aussi évoqué le Dictateur de Chaplin et Rome ville ouverte de Roberto Rossellini : « Voir ce film tellement jeune, c’était un vaccin contre le fascisme, pour savoir le reconnaître très vite. »

Tom Novembre a dit avoir été influencé par la bande dessinée, dont il a très tôt arpenté les pages. Son humour nonchalant a déclenché le rire.

Franca Maï, écrivain et réalisatrice, a fait une époustouflante prestation en interprétant un de ses textes très noir, à la façon d’une comédienne, tantôt hurlant, tantôt murmurant, sur une musique composée pour l’occasion, tantôt plus forte, tantôt plus basse, tantôt plus rapide, tantôt plus lente en fonction de sa voix. Il suffisait de fermer les yeux pour se croire assis dans une salle de cinéma.

Noëlle Châtelet, Yves Boisset, Dominique Sampiero, Pierre-Loup Rajot et Marcello Mazarella étaient également présents.

Source Alexandra Chanjou

Du côté de la Presse

Ça commence par un coup de revolver : « c’est très facile d’ôter une vie, il suffit de bien viser ». La meurtrière a 16 ans, elle venge sa mère. Tout ce roman, le troisième de Franca Maï, est une traînée de poudre : à chaque page tout peut sauter ! Les temps sont rudes pour Mata, qui vit seule en HLM avec sa mère. Elle l’adore. Aussi lorsqu’on touche à un seul de ses cheveux, Mata est prête à bondir. Et les occasions ne manquent pas : la visite de l’huissier est un moment de cruauté qui peut être enchanteur pour beaucoup, car Mata ne lésine pas... Elle anéantit cette « ordure lubrique ». Du grand art ! Avec les copains ça va, mais avec les friqués qui l’invitent à une soirée, elle est sans pitié. En phrases courtes, en chapitres brefs, Franca Maï dresse le tableau d’une société qui n’a pas beaucoup d’élégance pour ceux qui triment. Elle veut changer les choses. Radicalement, à sa manière. C’est brutal. C’est décapant. « La rage est en moi. Je le sais. Elle est tapie » Toujours prête à surgir. Comme une mélodie assassine.

André Rollin (Canard enchaîné, 23 février 2005)

Le roman Speedy Mata de Franca Maï a été également plébiscité par les ados

Vous pouvez (re)découvrir quelques lectures musicales de la romancière ICI

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Franca Maï
Crédit photo : Didier Delaine