Les Vidéos de Franca Maï

Franca dans L’instant des mouches
Préparation de FuckAnge

Franca prepare le montage de fuckange, un film pour le festival terranova.

Repérages

Le vrombissement du silence tinte à nos oreilles. Il faut enjamber le fil barbelé. Passer le corps au travers le grillage. Bien entendu, l’alarme peut s’enclencher et des crocs canins seraient capables de débouler, sans crier gare, en desquamant nos peaux. Mais on s’en fout !...

Le haut-fourneau se dresse majestueux, dans l’isolement le plus attachant. La terre est rouge. Grille-moi une cigarette, dis Mario, le veux-tu ? ... Nos pieds nous guident vers la gorge ouverte de la fabrique à l’agonie. La mort d’une usine sonne toujours deux fois. A la fermeture définitive.... A la destruction totale du souvenir. La rouille, la tôle qui se plie, rien ne résistera au temps. Même pas la mémoire collective. Il suffit de regarder les cimetières.

Les aconits se dissimulent derrière les boutons d’or, des centaines de lépidoptères aux ailes colorées s’amusent à déployer de la félicité. L’air est à son apogée. Nous sommes comme ivres d’oxygène et cette construction fantôme dévoile la sueur et la transpiration des voix qui se sont tues.

Le faciès de Mario brûlé par les rayons d’un soleil improbable surgit dans l’escalier en colimaçon. Où étais-tu Mario ?... J’ai eu peur, toute seule dans cette immensité...Entends-tu leurs cœurs cogner ?...

Mais il ne parle jamais. Mario ne parle pas. Il chante, comme les Italiens, un ton au-dessus de sa tessiture, tout en défrichant la terre fugueuse. Prêt à prendre le train suivant, en sérénité parfaite.

Les vois-tu Mario, les sens-tu ?...

Je peux imaginer leurs cris, leurs rires, leurs chutes. Je sais exactement où ils se sont vidés de leur sang et de leurs illusions. Même les volatiles qui ont trouvé refuge en haut de cette poutrelle connaissent leurs secrets.

Il faudrait repeupler cette région et entendre de nouveau couiner le bruit métallique des machines. Tu sais, Mario, la mélopée des sirènes !.

Il faudrait réinsuffler au haut-fourneau, sa fièvre d’enfer. Cette chaleur humaine.

Mario, il faut déjà partir ?...

Frotte-toi bien les paupières car nous rêvons éveillés. Ce paquebot de l’ivresse est un mirage. Bientôt, tout disparaîtra, comme nous tous.

Mais que font-ils les Assis à transpirer derrière le grillage en nous faisant de grands signes de la main ? ... Leurs masses charnelles ne peuvent dépasser la frontière.

Désolée, Mario, je reste... pars si tu veux, rejoins-les... Fuck les anges !...

J’aime tant ce fil suspendu au-dessus de nos têtes.

-  Repérages film pour Teranova 2003




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