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Humidités
une nouvelle de Franca Maï


(extrait de CRESCENDO)

Elles sont comme cela. Elles ont des fleurs dans la bouche qui s’ouvrent et se referment au gré d’un rien.

Les lèvres humides se détachent parcimonieusement suivant le rire éclatant du vent, laissant entrevoir leurs petites dents nacrées, happeuses d’écorchures. Leurs pensées délabrées les épinglent en douceur dans un sommeil léger ou profond, tout dépend de la vitesse du train. Les distances sont longues quelquefois. Et souvent, elles s’offrent à mon regard. C’est pour cette raison que j’aime tant voyager. En réalité, je n’ai nulle part où aller, je me laisse porter par mes errances, billets froissés dans la poche pour accéder à d’autres rails inconnus ou apprivoiser le trajet en sens inverse. Tout dépend de mon humeur. J’ai toujours un mal fou à repérer celle qui pourra satisfaire mes lubies, le jardin des fleurs étant si vaste, si coloré, si prometteur !... Ca bouscule grave les neurones toutes ces bouches vernies, laquées, couleur chair à moitié déchirées ou offertes !... Quelquefois, elles se télescopent en pétales vénéneux faisant place à un énorme trou humide dans lequel je ne trouve plus ma place. Trop large. Lorsque je ressens cette sensation, je suis en rage. Des suées et des transpirations mouillent mon corps, collant inconfortablement mon pantalon à même la peau, tout en entravant ma marche. Je dois calmer mes nerfs entre deux wagons sinon je rate le plaisir sacré et c’est un voyage de foutu en l’air.

Je n’aime pas gâcher ma semence.

Aujourd’hui, je choisis le dernier compartiment où une femme s’est étalée à son aise sur la banquette. Si elle ne fuit pas à mon arrivée, je comprends que ma présence ne lui fait pas peur. Alors je fais semblant d’être exténué et je monopolise la seconde banquette en m’allongeant en chien de fusil. Bientôt mes ronflements légers la bercent. Il paraît que lorsque je dors, je ressemble à un ange. J’ai de très longs cils et au travers je peux deviner le sourire maternel qui s’affiche sur son visage.

(JPG)

Illustration originale Manuji

Cette plante sauvage doit avoir la quarantaine. Elle est brune parée d’une longue chevelure ébène et ses yeux m’observent avec attendrissement. Elle possède un charme certain et je suis intimement convaincu que dans sa vie professionnelle, elle en abuse. Je m’en contenterai. Elle porte une alliance et sa jupe froissée laisse entrevoir des jambes douces. Rassurée, elle ferme ses paupières graciles et s’harmonise à mon souffle pour calmer une fatigue accumulée. J’attends que sa respiration tangue, régulière, et je me penche vers sa bouche en lui soufflant mon haleine chaude. Ses lèvres sont pulpeuses et brillantes comme un ver luisant. Elle « comate » profondément. Je peux opérer en toute liberté. Je déboutonne son chemisier délicatement pour découvrir ses seins. Ils sont ronds et lourds. J’effleure de mes doigts les bouts orgueilleux qui durcissent instantanément. Puis ma langue goûte sa chair qu’elle possède, sucrée. Je la regarde, son visage de détend, elle rajeunit. Ma main glisse vers son pubis râpant le tissu et je m’exerce maladroitement à dompter sa fente.
Mais le tissu me gêne et m’agace.

Elle gémit doucement tout en écartant une jambe. Brave petite, elle me facilite la tâche. J’aime quand tout est visible, sans obstacle. En changeant de position et en me baissant, je peux découvrir son slip en dentelle noire et je dois dire que cette vision me provoque un émoi proche de l’ivresse. J’espère que ce bâtard de contrôleur ne va pas me casser en balançant de sa voix mielleuse des informations concernant le trajet, les gares et autres balivernes. Je ne supporterai pas d’être dérangé. Je pourrai devenir fou. Mes doigts remontent lentement le long de sa cuisse, jouant avec l’élastique de sa culotte, se faufilant à l’intérieur du carré de soie pour caresser amoureusement les poils pubiens.

-  Encore Dick...

Elle parle en rêvant, bercée par la sérénade des roues. Sa voix est inaudible et je n’entends pas la fin de sa phrase. Mais ses cuisses s’élargissent m’autorisant à continuer cette exploration dérobée.

Mon prénom est Pablo, c’est ce que je devrais lui dire. Mais je me tais pour ne pas la heurter au gris de la réalité. Pourtant, j’ai une forte envie de la gifler. Je me retiens. Il ne faut pas que je déflore cet instant magique où tout m’est permis. Elle est si docile. Et puis après tout, qu’importe, elle peut bien m’appeler Dick, si cela lui chante ! ...

Ma langue s’enhardit, lèche son calice et écarte ses petites lèvres roses sans la quitter des yeux. Je me méfie, c’est souvent à ce moment-là que les femmes se réveillent et qu’elles hurlent ou sifflent des insanités qui me font débander, courir comme un dératé et sauter du train en marche. Quelquefois, je me blesse. Et je n’aime pas me faire mal. Cette fois-ci, j’ai tout prévu.

Je ne me laisserai pas surprendre.

Mais elle reste sage. Elle me laisse à loisir détailler sa fleur élégante qui bave une écume nacrée et enivrante.

Mon sexe se tend douloureusement. Je me contrôle, respire profondément. J’ai tout mon temps.

J’enfonce le majeur dans sa fente humide en un petit mouvement circulaire. Elle halète. Ses paupières frémissent. Surtout, qu’elle ne s’avise pas à ouvrir ses lucarnes maintenant, elle m’indisposerait furieusement ! ...

Il faut que je me calme. Ma queue large me joue des tours et s’égosille. Je ne veux pas cracher mon jet d’or tout de suite. Je me dirige vers la vitre et je regarde défiler le paysage pendant dix bonnes minutes. C’est grâce aux vaches qu’elle ramollit subitement. J’ai une sainte horreur de ces reproductrices de l’espèce bovine qui ruminent toute la journée. Elles ne servent à rien, excepté à se laisser conduire bêtement à l’abattoir.

Et puis... je suis allergique au lait.

Lorsque je me retourne, ma voyageuse tente de remettre de l’ordre dans ses habits. Sa gestuelle rapide et désordonnée me contrarie. La gêne l’habite également. Elle tente de s’échapper mais je coince mon pied dans la portière. Une petite lueur jaune habite son iris. Celle de la peur. Je la connais par coeur.

- Vous n’allez pas me faire de mal ?
Je plaque ma main sur sa bouche et l’entrave avec des menottes.

- Tu étais bien gentille tout à l’heure alors tu vas continuer à l’être et tout ira pour le mieux, compris... Je t’ai fait plutôt du bien jusqu’à présent... ?

Je lui donne mes doigts à renifler. Elle détecte son odeur et rougit violemment.

Mais je suis très contrarié. Sa cavité buccale a un mauvais rictus et déforme son faciès. Je n’aime pas que mes fleurs deviennent laides et qu’elles pleurent.
Ca les rend méchantes.

Elle me regarde avec ses billes de biche perlées, apeurée.

- Je ne veux pas mourir

Qu’elle ferme sa bouche, qu’elle se taise ! ...

Je m’aide en lui administrant un breuvage dont j’ai le secret. Elle tente le refus en serrant la mâchoire mais le couteau que je lui présente entre les reins la rend obéissante et elle avale tout sans rechigner.

Bientôt, elle s’affaisse à nouveau sur la banquette et je peux la replacer dans sa position initiale. Je la déshabille entièrement. Elle est vraiment d’une beauté infernale. Elle me plaît bien.

Son corps s’amollit et je peux la désarticuler au rythme de mes caprices et lui imposer des postures incroyables. C’est dingue comme le corps est élastique lorsqu’il se laisse aller. Aucun humain ne connaît ses possibilités réelles. Toujours tendu, sur le qui-vive, il se perd en se piégeant par des limites, échouant sur des récifs aux spasmes convenus.

Le train roule à vive allure. Je coiffe sa longue chevelure mais quelques noeuds m’embêtent, m’empêchant de lisser les pointes épineuses. J’ai besoin de tout ce rituel pour me remettre en forme. Je n’aime pas être coupé dans mon élan. En-dehors de ma volonté. Ca me déstabilise et pour être franc, elle m’a dépité en agissant comme une voleuse. Elle a joui la garce, elle m’a baptisé Dick et elle a voulu s’enfuir, sans le frétillement d’une reconnaissance, sans même me remercier. Ingrate femelle.

J’explore cliniquement tous ses trous et je m’efforce de les élargir en les huilant de lubrifiant. Je dois avouer que j’ai un sexe énorme, source d’incompréhensions et de quiproquos avec la gent féminine. Je n’aime pas m’enfoncer lorsque les parois râpent. Alors, j’ai mes astuces !...

Son corps avachi est tombé sur le sol. Et elle expose sa chair de dos. Son fessier est porteur de promesses enchanteresses et le déclic est immédiat. Mon bas-ventre me tire douloureusement. Ma trique est dure comme un bâton. Je prends possession d’elle dans une humidité absolue. Mais comme toutes les autres, ma tige la déchire. Elle saigne et je ne supporte pas la vue du sang.

Les fleurs chagrinées et écarlates me rendent impuissant.

Alors je sais déjà qu’il me faudra prendre un autre chemin de fer, avaler des kilomètres, défricher ce grand jardin pollué de pistils réfrigérés, de boutons déloyaux et traîtres, de plantes carnivores.
Je guette, affamé, l’espèce rare.

Une fatigue m’assaille.

-  Nouvelle de Franca Maï achevée le 30 Juin 2006 rue des prés du bonheur intégrée dans son roman CRESCENDO


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